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LE CREUSOT : Ambiance survoltée et glaciale, jeudi soir, pour la venue d’André Billardon aux Urgences de l’Hôtel-Dieu

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Catégorie : Revue de presse
Créé le vendredi 1 janvier 2016

«J’ai un enfant de 5 mois et je suis licencié. Comment cela est-il possible ? On me dit que je n’ai pas de charge de famille, parce qu’ils se sont arrêtés à 2014. Comment peut-on m’avoir licencié ? Fallait-il que je vous amène mon enfant ce soir pour le prouver…» C’est l’une des déclarations lancées à André Billardon, jeudi soir, dans les locaux des urgences à l’Hôtel-Dieu.

 

Alors que des salariés ont reçu leur lettre de licenciement le 27 décembre, il était entendu que le Maire du Creusot, entouré de plusieurs élus, serait attendu de pied ferme ce jeudi soir, dernier jour de l'année, dans un service où, ces dernières années, on avait toujours évoqué l'avenir le 31 décembre, en formulant très souvent de vives inquiétudes.
Le face à face entre le Maire et une bonne quinzaine de salariés a été très tendu, traduisant la violence avec laquelle les salariés ont ressenti les suppressions de postes dans le service. Quatre salariés ont été licenciés et un cinquième, qui était mis à disposition, est reparti sur Montceau. Sans compter, aussi, le licenciement d’un brancardier qui était en prise directe avec le service des urgences.

A l’arrivée, le service table sur «au minimum la suppression d’un poste et demi». «La population n’est plus en sécurité», ont ainsi clamé plusieurs salariés, dont certains avaient du mal à contenir des larmes autant de douleur que de colère et révolte. «Vous passez de bonnes fêtes, pas nous», ont ils été plusieurs à lancer à l’adresse du Maire et des autres élus restés en retrait, dans une ambiance glaciale.

L’accueil réservé à André Billardon était semblable à cette cérémonie de janvier 1985 qui avait vu Camille Dufour se voir remettre des dizaines de lettres de licenciements par des licenciés de Creusot Loire.
Jeudi soir, aucune lettre de licenciement n’a été remise au Maire du Creusot, mais les mots ont fusé. «Vous ne savez pas, vous ne pouvez pas comprendre ce que je vis, ce que je ressens en perdant mon emploi» a froidement lancé une infirmière. Et d’ajouter : «On est dans la merde !»

Le Maire du Creusot a bien essayé de dire qu’il comprenait la douleur, il a bien tenté d’expliquer qu’en 2012 la ville du Creusot, seule, avait mis de l’argent pour sauver l’hôpital, mais rien jeudi soir ne pouvait calmer la colère de ces salariés révoltés de voir le service des urgences voir partir des compétences. «Est-ce que vous vous rendez-compte que ce soir, il y a deux CDD pour assurer le travail et la nuit. C’est grave, vous vous en mordrez les doigts Monsieur le Maire. On connait notre hôpital. On est des pauvres infirmiers. On sait où on va et ça fait peur…»

Du dépit, de la tristesse, de la colère, tout y est passé. La quinzaine de salariés a ainsi reproché au Maire l’absence de dialogue. Il a tenté d’expliquer qu’il y a eu dialogue avec les partenaires sociaux, que sa porte a toujours été ouverte… Des propos que les salariés présents ont réfuté. «Monsieur Landre lui nous a rencontré», a lancé une infirmière.
Les salariés reprochent que seuls les critères de l’ancienneté et de la charge de famille ont été retenus. «Le chef des urgences avait demandé le critère professionnel», ont ils plusieurs fois répété au Maire qui a expliqué le choix avait été fait par Me Picard avec les partenaires sociaux. «Mais si les charges de famille n’ont pas été prises en compte, il y a un problème qu’il vaut voir», a-t-il avancé, dans une ambiance aussi tendue que survoltée.

«On paye pour votre gestion, c’était à vous de prendre les bonnes décisions. Aujourd’hui on a un problème de compétence. Comment fait-on pour soigner les gens, les prendre en charge. Il faut du temps pour que les gens se forment», ont encore affirmé plusieurs infirmiers qui ont également évoqué les réalités du Creusot pour déclarer à l’adresse du Maire : «Vous avez toujours parlé des entreprises au sujet du maintien du SMUR, mais on a cinq personnes qui partent. Comment va-t-on faire avec trois infirmiers le matin et trois infirmiers le soir ? Si l’un part en intervention il n’en reste que deux. Et puis on nous envoie des personnes qu’il va falloir former».

Concernant les suppressions d’emplois, dont il a reconnu qu’elles sont douloureuses, André Billardon a tenu à rappeler que le plan Métais prévoyait de faire porter au Creusot 200 suppressions d’emplois. Le Maire, interpellé au sujet de la coopération avec Montceau qui a échoué, a également souligné : «Vous ne trouverez pas ici au Creusot un exemple où on a refusé de coopérer avec Montceau. En 2004, en 2008, on n’a pas arrêté de formuler des propositions. Je rappelle aussi qu’en 2008 c’est le tribunal administratif qui a annulé la décision de l’ARH et ce n’est pas Le Creusot qui l’avait saisi»… Entendez c’était Montceau.

Interpellé au sujet du choix du groupe SOS plutôt que DocteGestio, André Billardon a assuré que les chiffres étaient les mêmes, mais qu’il ne s’agissait pas d’une même approche, car DocteGestio était une solution d’un groupe cherchant à réaliser des bénéfices. «Oui mais ils promettaient aucune suppression d’emploi pendant 15 mois», lui a-t-on répondu.
Pour André Billardon, «il n’y a pas de raison que le groupe SOS ne reprenne pas Le Creusot pour le développer».
Des propos qui n’ont pas plus rassuré que convaincu. «Vous mentez aux Creusotins, vous ne comprenez pas ma douleur», a lancé au Maire une infirmière licenciée, dans un véritable cri de révolte. Les élus ont ensuite fait demi-tour pour se rendre à la Maternité.

«Ici aux urgences c’est le mal être de tout l’établissement que l’on a voulu manifester, pour que Monsieur Billardon mesure notre douleur, notre détresse et nos grandes inquiétudes», ont ajouté des salariés. Précisant aussi qu’ils n’ont rien contre les infirmières qui sont mutées au service des urgences et du SMUR».
Au total, avec les départs volontaires, ce sont 74 personnes qui quittent l’Hôtel-Dieu. Et pour 36 personnes, y compris des mis à disposition, il s’agit de départs qui n’étaient pas voulu et qui se traduisent par un licenciement.

Alain BOLLERY

urgences 31 décembre 2015

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