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Plus de 15.000 patients ont passé la nuit sur un brancard depuis début 2018 (Samu-Urgences de France)

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Catégorie : Revue de presse
Créé le mercredi 14 mars 2018

smurPARIS, 13 mars 2018 (APMnews) - Plus de 15.000 patients ont, depuis le 10 janvier 2018, passé la nuit sur un brancard des urgences faute de lit pour les hospitaliser, a dénoncé lundi Samu-Urgences de France dans un communiqué.

Ce chiffre est issu des déclarations effectuées par une soixantaine de services d'urgences d'hôpitaux publics, a précisé le Dr François Braun, président de Samu-urgences de France, interrogé lundi par APMnews.

Il a été obtenu dans le cadre de la campagne de recensement de telles situations, que le syndicat qualifie de "situations de maltraitance", lancée sur son site le 10 janvier. Cette campagne est intitulée no bed challenge et permet aux services qui y sont connectés de les déclarer quotidiennement. Chaque semaine et chaque mois, sur la base des informations saisies, Samu-Urgences de France établit la liste des "10 meilleurs établissements" et des "10 plus mauvais", ces listes étant accessibles à tous.

Mardi matin, sur ce site, il était indiqué que la nuit dernière, 305 patients avaient passé la nuit sur un brancard. Le service classé comme "le plus mauvais de la semaine" et même celui du mois est celui du centre hospitalier de Bourges.

"La surcharge des urgences par manque de possibilité d'hospitalisation est clairement identifiée et les solutions sont connues depuis les travaux du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH)", dénonce Samu-urgences de France dans son communiqué.

Il estime que les hôpitaux qui "ne peuvent ou ne veulent pas mettre en place ces solutions" sont encore "trop nombreux". "Les conséquences pour les patients sont pourtant dramatiques lorsqu'on sait que cette surcharge entraîne une augmentation de la mortalité de 9% pour tous les patients et de 30% pour les patients les plus graves", insiste-t-il.

Dispositif "hôpital en tension" à Bourges

Le CH de Bourges a demandé via les réseaux sociaux vendredi 9 mars à sa patientèle potentielle de ne se rendre aux urgences "qu'en cas de nécessité absolue".

L'établissement fait face à un flux continu de patients depuis une dizaine de jours qu'il peine à prendre en charge faute de places en aval, sans raison épidémiologique particulière ni afflux soudain, a-t-il expliqué à APMnews mardi.

Le CH ne fait pas face à des fermetures de lits liées à de l'absentéisme médical. "En revanche, 16 lits de gériatrie sont fermés depuis 18 mois du fait des difficultés de recrutement médical dans notre département", indique-t-il.

"L'établissement a donc décidé d'activer le 6 mars son dispositif hôpital en tension, avec la mise en place de mesures exceptionnelles", annonce l'hôpital mardi dans un communiqué de presse.

Ces mesures consistent à solliciter les établissements sanitaires et médico-sociaux locaux, assurer une veille permanente sur la disponibilité des lits, héberger en chirurgie des patients relevant de la médecine, informer au quotidien l'agence régionale de santé (ARS), et déprogrammer, au cas par cas, certaines hospitalisations

"Depuis dimanche 11 mars, des reports d'hospitalisations programmées non urgentes ont été décidés, au cas par cas, et en concertation avec les équipes médicales", confirme-t-il dans son communiqué. Le CH a aussi appelé du personnel en renfort, et a transformé des places d'hôpital de jour chirurgical en lits d'hospitalisation complète à hauteur de 10 lits.

"De même, l'établissement est en lien étroit avec d'autres structures" pour mieux gérer les flux de patients, assure le CH, qui affirme avoir ainsi pu trouver un lit d'hospitalisation à "la grande majorité des patients admis sur les derniers jours aux urgences", ajoute-t-il, précisant à APMnews que les patients ont été réorientés "en petit nombre car de nombreux autres établissements sont également en tension".

Plusieurs autres services d'urgences d'hôpitaux ont connu des surcharges au cours des dernières semaines, note-t-on.

CHU de Clermont-Ferrand: 165 passages aux urgences adultes par jour

Le CHU de Clermont-Ferrand a annoncé, lundi dans un communiqué, que son service d'urgences adultes enregistrait chaque jour 165 passages de patients contre 150 en temps normal. Il a précisé qu'un pic avait été atteint le 5 mars avec 196 passages aux urgences adultes et 103 aux urgences pédiatriques, "soit près de 300 personnes en quelques heures".

Sa direction générale explique qu'elle a mis en oeuvre une "série de mesures" notamment pour créer des lits d'aval et faire face au pic de l'épisode grippal (ouverture d'unités supplémentaires et dédoublement de chambres). La "forte mobilisation des acteurs médicaux et non-médicaux pour augmenter les capacités d’hospitalisation" et la révision des actes programmés "ont permis au CHU de répondre au mieux à sa mission de service public et d’accès aux soins pour tous", souligne-t-elle.

Elle précise que différentes mesures ont été prises depuis cinq ans: installation d'un scanner spécifique pour minimiser les délais d'attente, renforcement des moyens d'accueil et d'orientation infirmiers et de prise en charge non médicale (10 postes), mise en place d'une troisième garde complète de nuit les week-ends et, fin 2017, création d'un service médico-chirurgical en lien avec les urgences (28 lits).

Le CHU travaille sur de nouvelles actions, dont:

  • un nouveau plan d’amélioration des urgences, réduisant le délai des avis de spécialistes, le délai des examens de laboratoires et améliorant la gestion informatique
  • une cellule de régulation des lits
  • l'élaboration en cours, avec les hôpitaux environnants, de conventions d’aval permettant de trouver des lits et favorisant les transferts des patients afin de libérer des places d’hospitalisation pour les urgences
  • la mise en oeuvre d'une nouvelle unité de gériatrie, envisagée dans le projet médical 2018-2022.

Forte activité au CHU de Dijon

Le CHU de Dijon a aussi fait part à APMnews d'une forte activité avec, la semaine dernière, une moyenne de 135 patients par jour aux urgences adultes dont un pic à 150 patients. En 2017, le CHU a enregistré 84.143 patients aux urgences dont 24.042 passages aux urgences pédiatriques et 11.108 passages aux urgences maternité.

Pour améliorer la situation, il travaille sur les parcours de soins depuis les urgences, ce, avec l’aval de la commission médicale d'établissement (CME), et s'apprête à mettre en place un groupe de travail médical post-urgences.

Le CHU travaille également à élargir le rôle et les missions du médecin d’accueil en termes de régulation et de coordination des parcours de soin des patients.

Depuis 2017, des renforts de personnel non médical sont actés et déjà opérationnels pour chaque épisode de tension. Le 5 janvier, il a étendu l’ouverture d’un service temporaire de médecine polyvalente jusqu’au 30 mars.

Un afflux de patients âgés

Au CH des Pays-de-Morlaix (Finistère), le dispositif "hôpital en tension" a été déclenché depuis le milieu de la semaine dernière en raison d'un surcroît d'activité au service des urgences "qui a connu son point d'orgue pendant le week-end et lundi matin", a indiqué mardi à APMnews Bernard Laurent, directeur des soins.

Le service a vécu une situation "inhabituelle" avec jusqu'à 35 patients en attente de places d'aval, en raison d'un afflux de patients âgés de plus de 75 ans touchés par des complications de viroses pulmonaires. Entre 10 et 15 patients ont dû être placés sur des lits dans les couloirs y compris la nuit, a complété Brigitte Costant, directrice adjointe. "Ce pic nous a surpris car la grippe était passée. Tous les patients ont pu être orientés. La situation semble se stabiliser. Le flux d'entrées se réduit et des places supplémentaires ont été trouvées", a indiqué le directeur des soins. Le dispositif "hôpital en tension" est cependant maintenu. "Nous restons en vigilance", a-t-il ajouté. Le CH reste au-dessus des courbes nationales pour ces virus respiratoires

Parallèlement, plusieurs services d'urgence sont touchés par des mouvements de grève.

C'est le cas à Lyon, où le service des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot (Hospices civils de Lyon, HCL) est en grève depuis début février pour obtenir des moyens supplémentaires (brancardiers supplémentaires, aide-soignant supplémentaire à la banque d'accueil pour avoir une présence 24 h/24...). Il a été rejoint par le service de Lyon-Sud et a reçu le soutien de celui de l'hôpital de la Croix-Rousse qui a présenté aussi des revendications. Certaines ont eu des réponses favorables, comme le service de l'hôpital Edouard Herriot qui a obtenu un renfort partiel sur le brancardage, a précisé le syndicat FO des HCL à APMnews mardi. FO s'est d'ailleurs détachée de la grève qui se poursuit à Lyon Sud à la suite de l'obtention d'une aide-soignant à 7h50 par jour.

Une période intense "exceptionnellement longue" au CHI de Toulon

Les personnels des urgences du centre hospitalier intercommunal (CHI) de Toulon-La Seyne sont également en grève illimitée depuis le 1er mars. La CGT (syndicat minoritaire dans l'établissement), à la tête du mouvement, réclame des effectifs soignants supplémentaires et déplore une dégradation des conditions d'accueil des usagers depuis plusieurs mois.

Le directeur adjoint de l'établissement, Nicolas Funel, a expliqué à APMnews que les urgences ont fait face à une période intense d'activité "exceptionnellement longue". "Assez traditionnellement, à l'hôpital de Toulon, la période des fêtes est tendue, puis nous observons un creux en janvier. Mais, cette année, depuis la mi-décembre [2017] jusqu'à la fin février, nous avons connu une activité plutôt soutenue avec son lot de difficultés habituelles", relate-t-il.

"En moyenne, nous sommes entre 120 et 130 passages par jour aux services des urgences adultes. Depuis la mi-décembre, nous étions entre 130 et 140 passages par jour. La situation est revenue à la normale depuis mars", poursuit-il. "Ce n'était certes pas un flux exceptionnel mais important par la durée".

Pour expliquer ce surcroît d'activité, le directeur adjoint évoque une baisse du niveau de la "permanence des soins de ville" conjuguée à une hausse du besoin de prise en charge des "patients âgées et fragiles" du territoire du CHI de Toulon.

L'équipe du service des urgences est composée au maximum de cinq médecins de jour et de deux médecins de nuit, hors Smur et maison médicale de garde. "Les effectifs médicaux sont maintenus pendant la période de la grève", précise Nicolas Funel.

Lancement d'un cycle de travail au CH de Brive (Corrèze) pour améliorer les procédures

Début mars, le centre hospitalier (CH) de Brive-la-Gaillarde (758 lits et places) s'était déclaré "en tension" pendant quatre jours, a rapporté Vincent Delivet, directeur de l'établissement, interrogé lundi par APMnews. Lors de ce pic d'affluence, le CH "tournait à plus de 140 passages par jour" aux urgences, alors qu'un pic avoisinait "les 120 passages auparavant", a-t-il indiqué. Si le nombre de passage a diminué depuis le début du mois, l'établissement connaît un "changement de dimension" qui "complique la gestion des flux" toute l'année. Le CH "tourne à plus de 100 passages par jour en moyenne", a chiffré le directeur.

Entre le 1er janvier 2017 et le 30 novembre 2017, 38.310 passages ont été enregistrés, soit une hausse de 9%. De février 2017 à février 2018, le nombre de passages a continué de croître, avec "une augmentation de 4%", a constaté Vincent Delivet.

Il attribue cette progression "au comportement de la population qui va plus naturellement vers les urgences" ainsi qu'à "un problème d'offre médicale de ville en diminution".

La semaine prochaine, l'établissement va lancer "un cycle de travail en vue de l'amélioration de nos process, en ouvrant la réflexion sur la médecine de ville". "Avec le redéploiement de lits de chirurgie, on va ouvrir une unité médico-chirurgicale plus polyvalente cet été ou début septembre pour une prise en charge plus rapide en post-urgence", a indiqué le directeur.

Le CH va en outre "discuter avec la clinique de la Mutualité française limousine qui s'oriente vers un service de consultations non programmées" pour pouvoir réorienter les patients du CH de Brive "qui relèvent d'une consultation urgentiste", a précisé le directeur.

Autre piste: "On va demander à l'agence régionale de santé (ARS) Nouvelle Aquitaine d'organiser une réunion avec les médecins de ville pour voir s'ils seraient intéressés par des permanence en débuts de soirée." Le CH réfléchit également à "la réservation de places de son établissement consacrées à l'activité non programmée dans certains services afin d'améliorer la prise en charge des urgences" ou encore à une meilleure utilisation "de son unité d'hospitalisation de courte durée sur les montées pour désengorger les urgences".

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